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Hélène Bautista

samedi 5 mai 2018, par Hélène Bautista

D’abord des études de Lettres modernes, puis professeur de français, voilà pour le parcours classique. Pour ce qui est de « l’autre parcours » je me suis formée auprès de Nicolas Sochos, Muriel Rigal et Alain Cazalis pour me diriger avec détermination vers une pratique professionnelle. Nourrie des vieilles éditions illustrées de Gustave Doré et Honoré Daumier, en passant par les gravures de Félix Vallotton ou de Maserel, mon amour des livres me pousse aussi à explorer la typographie traditionnelle et les potentialités de l’édition, comme en témoignent les livres illustrés en linogravures réalisés sur les presses de l’Ecole Duperré dans le cadre des CMA, ou les publications menées en collaboration avec Corvinus Presse, maison d’édition basée à Berlin.

Si mes gravures sèchent devant ses livres – sur des étendoirs fixés à sa bibliothèque – je ne souhaite pas pour autant que les images illustrent le texte de manière littérale. L’illustration au sens originel d’ « image » suspend un temps : elle devient alors un langage autonome qui dit le texte autrement. Elle vaut pour elle-même, en tant que récit ou fragment de récit. Ces principes de narration rejoignent certes la littérature, mais aussi le cinéma, et particulièrement le film noir américain et le cinéma expressionniste allemand. Des contrastes intenses, des lumières tranchées, incisives, découpent la page. Du contre-jour au contre-champ, il s’agit d’exploiter l’espace de la page et de reconfigurer les perspectives, et, en jeux de contrastes, d’éclairages, de faire parler le noir et le blanc.

C’est par la suggestion que l’imaginaire fonctionne et réagit à ces atmosphères à la fois inquiétantes et familières. Le spectateur n’est plus confronté à une seule image mais à une succession de plans imaginaires : se ferait-il un film ? Peut-être, mais le sien, convoquant en lui-même les images qui sont dans le hors-champ de la page et débordent des marges blanches qui encadrent l’image. Le spectateur est toujours mis à l’épreuve dans son regard, ne sachant pas si telle figure à contre-jour est de dos ou de face, s’il n’est pas lui-même observé, s’il devine vraiment ce qu’il voit.

Au hors-champ du plan quasi-cinématrograhique de l’image répond la présence précise de la marge, en particulier dans les linogravures. Inscrite dans la page, la marge semble jouer avec l’image puis finit par intégrer l’image elle-même. Le bord blanc qui semble encadrer la représentation y appartient réellement. L’aplat noir de l’encre s’ajuste en fonction de celui, blanc, qui circonscrit le sujet tout en le révélant et accentue cette atmosphère noire un peu inquiétante. Le sujet se trouve à la fois isolé dans la mise en page tout en jouant avec elle : c’est ce jeu qui permet au spectateur d’imaginer l’avant et l’après de l’image qu’il a sous les yeux.

Portfolio

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